Notre campagne « Pas nés sous la même étoile »

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Pas nés sous la même étoile

2015 fut une année éprouvante : sur le terrain et dans les urnes, un seul constat s’impose à nous : la gauche aujourd’hui ne réussit pas, ou pas assez, à changer la vie. L’idéologie extrémiste avance et 2016 n’est plus que le seul rempart face à un FN au pouvoir en France. 2016 est une année sans élection, mais loin d’être une année vide, elle doit être une année de préparation, de débats, et de construction.

C’est pourquoi les Jeunes Socialistes du Bas-Rhin ont choisi de travailler durant les prochains mois sur la question des inégalités sociales, et tout ce qui induit qu’aujourd’hui encore, un fils d’ouvrier aura une vie bien différente de celle d’un fils de patron. Ce n’est qu’en abordant la solution des inégalités, et en lui apportant une analyse et des réponses efficaces que nous pourrons redonner confiance à l’action de la gauche au pouvoir.

Si notre société est malade, si la gauche va mal, elle n’ira jamais mieux tant que ces inégalités augmenteront au lieu de diminuer, tant qu’on vivra moins longtemps en 2016 qu’en 2015, tant que toute notre action ne sera pas tournée à faire en sorte qu’un jeune vive effectivement mieux en 2017 qu’en 2011.

Inégalités de richesses

Le système dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui utilise une matrice dépassée et qui ne correspond plus aux réalités du travail et de la société. Si on continue de prôner une économie de croissance, qui s’équilibrerait et permettrait une progression sociale, les inégalités, pourtant, ne cessent d’augmenter, tandis que la production de richesses n’a jamais été aussi importante. Un seul constat : les riches deviennent toujours plus riches, et les pauvres, toujours plus pauvres.

Entre 2008 et 2011, le revenu annuel moyen des cadres supérieurs a augmenté de 1000 euros, tandis que celui des employés intermédiaires a baissé de 500 euros, et celui des ouvriers de 230 euros. Un million de personnes exercent un emploi mais disposent d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté.

La moitié des pauvres sont ouvriers employés intermédiaires. Cette situation est historique : Jusque dans les années 1990, la pauvreté ne cessait de reculer. Désormais, la pauvreté ne fait qu’augmente, avec plus d’un million de pauvres supplémentaires depuis 2004. Non seulement tout travail ne permet plus un niveau de vie décent, mais la diminution de la part du travail dans les revenus des entreprises structure un chômage croissant, qui demeure pourtant l’instrument de mesure de la réussite sociale.

Le travail ne peut désormais plus être le facteur principal de subsistance. Telles que sont les choses aujourd’hui, un revenu n’est alloué que dans le cadre du salariat et il est insupportable de laisser dans la pauvreté toute une population qui ne peut y accéder. Dès lors, la mise en place du salaire à vie permettrait la reconnaissance des activités qui sortent du cadre du salariat, et à tous de vivre convenablement dans une société du temps libéré.

Parallèlement, les 10% des ménages les plus riches en France détiennent près de 50% du patrimoine global. Cette concentration de la possession par une minorité entraîne tout naturellement un système de rente et de reproduction sociale par l’héritage irréversible. C’est pourquoi une taxation importante et significative des revenus du capital et de l’héritage est essentielle, pour rééquilibrer les richesses entre cette minorité qui a tout, et la majorité qui n’a rien.

Reproduction sociale

Selon l’OCDE, la France est l’un des pays où le milieu social influe le plus sur le niveau scolaire. 20% des élèves issus de milieux défavorisés ont redoublé au moins une fois avant l’arrivée en sixième, contre 3% pour les élèves issus de milieux très favorisés. Ainsi, au lycée, si neuf enfants d’enseignants sur dix sont bacheliers, ce n’est le cas que pour quatre enfants d’ouvriers non qualifiés. Face à ce constat alarmant, il faut plus que jamais développer une politique d’éducation inclusive, qui considère l’apprentissage comme un accès à l’autonomie plutôt qu’un emmagasinement d’informations.

Le financement public des établissements d’enseignement privé, pourtant payants, apparaît comme contraire à l’objectif de réduction des inégalités que l’école doit remplir. Dès lors, il nous faudra créer des établissements publics de façon à répondre aux besoins de tous, interdire le financement public des établissement privés, concentrer les moyens dans les établissements publics et multiplier des établissements publics spécialisés.

Il est nécessaire d’instaurer une vraie politique d’emploi massif d’instituteurs et professeurs, de sorte qu’aucune classe ne dépasse plus les 20 élèves, et permettre aux enseignants de s’adapter en fonction du niveau des élèves, pour ne laisser personne en situation de décrochage.

Il paraît urgent d’organiser la fusion des universités et des grandes écoles, que chacun puisse accéder à l’enseignement supérieur. L’éducation populaire et la culture ont aussi un rôle primordial à jouer, quand en moyenne, six fois plus de cadres que d’ouvriers lisent au moins un livre par mois. L’autonomie dans l’accès à la culture apparaît aujourd’hui comme une mesure déterminante dans la lutte contre la reproduction sociale, et à l’augmentation graduelle et systémique des inégalités.

Formation

Près de 70% des cadres supérieurs ont accès à la formation professionnelle, contre 37% des ouvriers. Pire encore, alors que l’accès à la formation devrait être privilégié pour les chômeurs et inactifs, ceux-ci y ont accès moitié moins que les personnes en emploi.

Cette situation illustre clairement un déséquilibre entre ceux qui ont le plus besoin d’une formation, et ceux qui l’obtiennent effectivement. Seule la mise en place d’un droit effectif à la formation pour tous, permis seulement si le système est libéré de l’oppression du travail, peut permettre à tous un accès à la formation garanti et socialement vraiment juste.

Genre

Dans le secteur privé, la rémunération des femmes est inférieure de 24% à celle des hommes à compétences égales. Dans la fonction publique aussi, les écarts vacillent entre 10 et 15% de moins. 30% des femmes actives sont à temps partiel, et 8% à temps partiel subi, contre seulement 2,8% des hommes. Le taux de pauvreté des femmes excède de plus d’un point celui des hommes, de plus de quatre points pour les 18-24 ans. 57% des bénéficiaires du RSA sont des femmes.

Seuls 3% de PDG sont des femmes. Dans la fonction publique d’État, les femmes représentent plus de 50% des effectifs, et seulement 20% des emplois de direction.

Au sein du milieu politique aussi, les femmes sont très peu représentées, avec moins de 30% de députées et seulement un peu plus de 20% de sénatrices.

Dans le secteur privé, il est indispensable d’augmenter les amendes aux entreprises qui ne respectent pas la loi d’égalité des salaires et le principe de non-discrimination. Mais de telles mesures, si elles semblent des évidences, échouent cependant à s’attaquer au noeud du problème. Dès lors, seul un système d’entreprises qui appartiennent aux salariés et qui permet la capacité décisionnelle entre travailleurs de façon égalitaire, saura attribuer à chacun une voix et réimplanter les combats collectifs au sein des entreprises, dont le combat féministe fait partie.

Justice

La question de la justice est déterminante dans la lutte des inégalités. L’absence de justice sociale ne peut amener qu’un système judiciaire biaisé et défaillant. Aujourd’hui, 80% des jeunes détenus de plus de 18 ans sont sans diplôme, et près de la moitié échoue au bilan de lecture. De même, le chômage et le logement jouent un rôle fondamental, avec plus de la moitié des personnes entrant en détention qui sont sans activité, et 7% sans domicile fixe. Cette problématique des inégalités, vecteur important de l’incarcération, nécessite une triple réponse.

L’accès à la culture, à la formation, au logement et à l’éducation reste le meilleur moyen d’échapper à la prison. Celle-ci appelle une réponse en amont, avec une politique sociale efficace, afin de prévenir l’isolement social que ces inégalités peuvent entraîner.

Dans un deuxième temps, il faut apporter une réponse judiciaire, avec la quasi-systématisation des peines alternatives, premier pas vers la transition d’une politique carcéral vers une politique de réinsertion sociale. Au sein même des univers carcéraux, il faut mettre en place les droits effectifs à la formation et à l’éducation, et y entériner le droit à la liberté d’expression, permettant une circulation des savoirs et une autonomisation des détenus.

Il faudra enfin mettre en place une véritable politique de suivi et de réinsertion après la sortie du milieu carcéral, afin de lutter contre la récidive mais surtout de permettre à tous les anciens détenus leur réintégration dans la société et leur accès à un logement et un travail décent, aux aides sociales auxquelles ils ont droit, et à un suivi psychologique adapté.

Logement

Le coût du logement a doublé de 1985 à 2005 pour les 10% des foyers les plus pauvres et ceux ci y consacrent aujourd’hui plus de la moitié de leur budget mensuel. Entre 2001 et 2012, le nombre de sans domiciles a augmenté de moitié,  et en 2015, 12 millions étaient touchées par la crise du logement, à travers le surpeuplement des logements, des impayés de loyers, l’absence de chauffage et d’eau courante etc.

Face à cette urgence, dans le Bas-Rhin, le Conseil Départemental vote début février son désengagement total face aux nécessités d’hébergement d’urgence et choisit de laisser tomber les plus démunis, au profit de structures moins utiles à l’intérêt général, mais présidés par des copains… (en l’occurence, l’association OLCA,  présidée par le conseiller régional et maire de Truchtersheim « Les Républicains »  Justin Vogel). Il y aurait de quoi rire si la situation n’était pas si dramatique : en conséquence, ce sont plus de 600 000 euros d’aides aux associations pour les mal logés qui s’envolent.

Au contraire, et pour répondre à ce constant alarmant, il faudra remettre l’action sociale au coeur des politiques locales, et faire de la lutte contre la précarité une priorité.

Les Jeunes Socialistes du Bas-Rhin continueront à se battre pour la mise en place effective de l’encadrement des loyers dans Strasbourg et son agglomération, et parce qu’il ne s’agit aujourd’hui pas d’un luxe, mais d’une nécessité. Le remplacement de la caution par un système de mutuelle solidaire, la construction massive de logements sociaux et à loyers modérés, et la réquisition des logement vides sont autant de mesures à mettre en place afin de garantir l’égalité dans l’accès au logement, et à tous un logement décent.

Santé

En France, tout le monde n’est pas égal face à la mort, puisque tout le monde n’est pas égal face à la santé.

En 2015, l’espérance de vie en France a reculé. Le nombre de décès est au plus haut depuis la Seconde Guerre Mondiale. Ce constat accablant ne constitue pour autant qu’un symptôme de plus des inégalités systémiques préexistantes. En 2016 encore, le taux de mortalité d’un ouvrier est doublé par rapport à celui d’un cadre. Plus parlant encore, un ouvrier a en moyenne 38% de plus d’avoir un handicap que la moyenne de la population au même âge.

Ce constat affligeant doit être la source de notre politique actuelle, parce qu’il est insupportable dans une société moderne.

Dans cette optique, la prévention doit être la clé. Si libérer la société de l’exigence de l’oppression du travail est nécessaire, il faudra surtout mettre en place une politique de prévention qui se concentre sur les populations vulnérables et soumises à des travaux exigeants. La médecine du travail doit être renforcée, multipliée, et soumise à un code légal de déontologie et d’indépendance vis à vis de l’entreprise.

La généralisation du tiers payant est un pas qui était nécessaire. Cependant, il faudra instaurer l’intégration par la loi de la part mutuelle dans le tiers payant en précisant le mécanisme de façon à ce que le Conseil Constitutionnel puisse la valider et qu’enfin plus jamais personne n’ait à justifier de sa situation financière avant d’accéder aux soins.