Retour sur Ciné-Débat: Democracy de David Brenet

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C’est à l’occasion du Festival Augenblick (Festival du film en langue allemande) que le MJS Bas-Rhin s’est rendu au visionnage du documentaire Democracy, qui relate l’incroyable combat mené par l’eurodéputé Jan Philipp Albrecht (Ecologiste), pour faire adopter une loi concernant la protection des données personnelles en Europe.

« On dit souvent que les données sont le nouveau pétrole; le pétrole a modifié nos vies et les données la modifiront aussi . Si les données étaient du pétrole, leur protection serait la sauvegarde de l’environnement »

A travers ce documentaire, nous avons pu nous plonger au sein d’un processus législatif à l’architecture complexe. On y suit le travail de Jan Philipp Albrecht (eurodéputé les verts allemand) et son équipe,  qui se sont portés volontaires pour être rapporteurs et donc amener le projet d’une réforme sur la protection des données privées à son aboutissement. C’est un travail qui impose la conciliation entre ses convictions personnelles, la pression du marché privé (entreprises mondialisées, lobbyistes..),la pression interne, ainsi que la complexité du travail d’écriture.

Une affaire suivit de près par la commissaire européenne chargée de la justice , Viviane Reding, à l’attitude bienveillante vis à vis du travail de JP Albrecht et son équipe.

Tout au long de ce film, la question est de comprendre pourquoi des législateurs s’immisceraient dans le domaine si privé de l’exploitation de données personnelles. La réponse apportée est  sans équivoque, et pour la comprendre il suffit alors de paraphraser cette question récurrente: qu’y a t-il de mal à revenir sur des droits fondamentaux en utilisant les données personnelles des individus dans le but d’influencer un comportement ? Qu’y a t-il de mal dans le fait qu’une personne puisse ignorer qu’on utilise ses informations dans un but de manipulation (la plupart du temps marketing) ?

Bien souvent, les entreprises cachent leur volonté d’exploiter ces informations en dissimulant en petit caractère dans leurs chartes des conditions d’utilisation, des duperies. Elles peuvent penser s’affranchir de toute culpabilité en assurant fictivement une protection des données personnelles  grâce à des politiques de confidentialité. Ces premières duperies sont donc le point de départ de cette réforme.

C’est donc un chemin extrêmement tortueux que nous avons été invités à suivre, survolant les innombrables rencontres d’experts, d’avocats, représentants de grandes entreprises mondialisées (Apple, Facebook, Microsoft, etc..), et lobbyistes. Un chemin qui s’est presque transformé en impasse. Effectivement, le marché privé n’a eu de cesse d’exercer une pression  quasi  jamais vu face à cette réforme en devenir, toujours plus avare de liberté au détriment des droits fondamentaux. C’est l’affaire Snowden qui a su rendre populaire la problématique de l’utilisation de nos données dans le monde entier. Elle a également surmotivé les troupes de JP Albrecht pour finaliser cette réforme dans des termes qui leur paraît à la fois conciliants et satisfaisants.

Aujourd’hui, les termes de cette réforme ont été adoptés et doivent donc être votés au Conseil et au parlement européen.

Une chose est certaine: le marché est très puissant, trop puissant. Et que seule une volonté politique de fer permet de combattre les intérêts privés et les forces de l’argent. Un combat politique de gauche, adopté par une partie de la droite, à méditer pour l’avenir.

Article écrit par Léa Matterer